Vullnet Basha a quitté cet été le Valais pour l’Aragon. A 24 ans, le Lausannois connaît sa première expérience à l’étranger sous les couleurs du Real Saragosse. Il s’est confié à Sharkfoot en évoquant sa nouvelle situation en Espagne mais aussi les débordement du match Serbie-Albanie à Belgrade.
Vullnet, comment se passe ton intégration dans ce nouvel environnement ?
Mon intégration s’est bien passée. Je n’ai jamais de problèmes avec des coéquipiers. Je suis quelqu’un de calme. L’ambiance dans le groupe est bonne. C’est une autre atmosphère. Cela me convient parfaitement. J’ai encore un peu de peine à communiquer mais ça va venir.
Tu as été rapidement blessé à ton arrivée. Comment se passe ton rétablissement ?
J’ai eu un peu de malchance. Je me suis blessé à la cuisse et je traîne ça depuis. J’ai joué deux bouts de matchs pour le moment. Je suis de nouveau rétabli. J’espère que les blessures vont s’arrêter. Ce n’est pas facile pour le moral. Tous les jours, tu vas au centre d’entraînement pour faire seulement ta physio. C’est frustrant de voir les autres s’entraîner normalement.
Comment se sont déroulées les tractations cet été entre Sion et Saragosse ?
A Sion, on ne comptait plus sur moi. C’était le moment pour moi de partir à l’étranger. J’ai eu plusieurs opportunités, dont la MLS, mais j’ai préféré aller en Espagne. Saragosse est un grand club. Le défi américain m’intéresse vraiment, mais j’avais encore envie de jouer quelques années en Europe.
Victor Munoz, actuel entraîneur de Saragosse, t’avait eu à Neuchâtel et Sion. Est-il responsable de ta venue au Real ?
Victor Munoz a forcément influencé ma décision. C’est une personne que j’apprécie et qui compte sur moi. Avec lui, je suis assuré de jouer à mon poste. Ce n’a pas toujours été le cas dans ma carrière.
Un retour à Lausanne n’était pas une option ?
Le LS est mon club de cœur. J’y ai gravi tous les échelons : des juniors E à la première équipe. Si Lausanne avait été en Super League, j’aurais sûrement signé à Lausanne. Je n’avais pas suffisamment de motivation pour jouer en Challenge League.
Tu as été prêté avec une option d’achat. Dans quel état d’esprit vois-tu la suite de ta carrière ?
J’ai envie de m’inscrire dans la durée. Je dois maintenant faire mes preuves pour rester ici. Heureusement, la saison est longue. J’ai discuté avec le président et le vice-président, qui parle un peu français. J’ai le sentiment que le club compte sur moi, aussi pour les prochaines années.
Que penses-tu du niveau de la Liga Adelante (n.d.l.r. D2 espagnole) ?
Même si c’est de la 2e division, les joueurs sont meilleurs techniquement qu’en Suisse. Beaucoup de joueurs sont passés par des clubs de D1 comme le Barça ou le Real. Le niveau du groupe s’en ressent fortement.
Le Real Saragosse connaît un bon début de saison.
En 6 matchs, nous avons en gagné 5 et fait un match nul. L’objectif est de remonter en D1. Les supporters sont derrière nous. Il y a 19’000 abonnés. A part le FC Bâle, aucun club suisse n’a un tel soutien. Il y avait 30’000 spectateurs pour le derby.
Selon de nombreuses sources, le Real Saragosse est au bord de la faillite. Quelle est la situation à l’intérieur du club ?
Au moment où les premiers contacts ont été faits, le club était dans une situation difficile : soit des nouveaux investisseurs arrivaient, soit le club faisait faillite. La situation est désormais réglée pour cette année. Le club a dû verser une garantie auprès de la ligue. Les salaires sont assurés. Depuis mon arrivée, je n’ai connu aucun problème à ce niveau. J’ai aussi entendu beaucoup de choses à ce sujet mais la réalité est différente. Les dirigeants évoquent même les primes de montée.
J’aimerais évoquer avec toi les débordements du dernier match Serbie – Albanie à Belgrade.
C’est dommage. Cela donne une mauvaise image de l’Albanie, de la Serbie et du football en général. Cela devait être juste un match de football. La partie aurait du être jouée à huis-clos.
L’UEFA a d’ailleurs rendu une décision controversée après coup.
J’ai pensé que le match allait être rejoué. L’UEFA n’a pas pris une bonne décision à mon avis. Les gens ont envahi le terrain pour taper sur les joueurs albanais ; même la police leur a tapé dessus. En Italie il y a quatre ans, il y avait eu des débordements seulement en tribunes avant le coup d’envoi. Le match n’avait jamais commencé et l’Italie avait récupéré trois point sur tapis vert.
Tu seras sur le terrain au match retour en Albanie ?
Ça serait bien (rires). Je vais travailler pour. Si je suis déjà sélectionné, je serai satisfait.
Gianni de Biasi (n.d.l.r. sélectionneur de l’équipe albanaise) t’a contacté depuis ton départ en Espagne ?
Oui, il m’a appelé au début de la saison. Depuis, je n’ai plus eu de contacts.
Dernière question, Kasami et Xhaka ont suscité la polémique pour leur geste de soutien à l’Albanie. Qu’est-ce que tu en penses ?
Je joue pour l’Albanie, mais je me sens autant Suisse qu’Albanais. Ces gestes ne doivent pas être surinterprétés. Ils voulaient simplement montrer leur soutien à l’Albanie. On n’oublie pas nos racines. C’est humain.