C’est désormais officiel, du moins sportivement. Le RasenBallsport Leipzig devrait jouer l’année prochaine en deuxième division allemande de football. À une journée de la fin du championnat de 3. Liga, l’équipe sponsorisée par Red Bull pointe au second rang et ne pourra plus être rejointe par ses poursuivantes. Si le résultat sportif ne souffre d’aucune contestation, la prochaine étape, administrative celle-ci, semble beaucoup plus compliquée à réussir.
Le RB Leipzig valide son ticket en Bundesliga 2 après sa victoire contre Sarrebruck 5-1 (Crédit Photo: dpa / sueddeutsche.de)
Pour fouler les pelouses de l’étage supérieur, le RB Leipzig doit en effet obtenir une licence délivrée par la ligue de football professionnel, la DFL. Selon le magazine allemand Kicker, l’instance qui prendra sa décision officielle le 28 mai prochain accorderait une licence au RB Leipzig sous de strictes conditions. Le club de la marque aux taureaux a seulement quelques semaines pour réformer son fonctionnement qui, s’il restait en l’état, pourrait remettre profondément en cause le modèle même des clubs de football allemand. Explications.
Ambition démesurée
Retour cinq ans en arrière. En 2009, le cofondateur et actionnaire principal de Reb Bull, l’Autrichien Dietrich Mateschitz décide de racheter un petit club en banlieue de Leipzig, le SSV Markranstädt. Son objectif : d’ici dix ans, « jouer en Bundesliga, atteindre la Ligue des Champions et la remporter ». Déjà principal sponsor des sports extrêmes, de sport automobile et détenteur de clubs de football en Autriche, aux Etats-Unis, au Brésil et au Ghana, Red Bull annonce la couleur en s’installant au sein d’un des quatre grands championnats européens, les retombées médiatiques espérées par la marque constituant un aspect beaucoup plus attrayant que le simple enjeu sportif.
Les investissements sont massifs : création d’un centre d’entrainement et de formation digne des clubs de Bundesliga, rachat du grand stade de Leipzig renommé en 2010 le Red Bull Arena et doté d’une capacité de 44’000 places. Evoluant alors en ligue régionale, le RB Leipzig grimpe rapidement les échelons pour se hisser aujourd’hui aux portes du monde professionnel. Seulement cette épopée extraordinaire ne s’est pas faite sans faire grincer des dents outre-Rhin.
Non-respect de la règle du « 50+1 »
Si les clubs allemands sont depuis quelques années sur le devant de la scène européenne, ils le doivent en partie aux règles strictes de fonctionnement instaurées par la DFL et à la fameuse règle du 50+1. Cette règle qui stipule « qu’un club ne peut obtenir sa licence que si au moins 50% des voix + 1 appartiennent au club » constitue pour de nombreux observateurs une des principales raisons de la bonne santé financière des clubs allemands. En effet, elle permet aux supporters de garder le contrôle sur le club et empêche l’arrivée de capitaux étrangers dont la vision à court terme est souvent décriée ailleurs.
44’000 places, le Red Bull Arena est à la hauteur des ambitions du club (Crédit Photo: dpa / rp-online.de)
C’est cette règle du 50+1 que le RB Leipzig ne respecte pas. L’association sportive du club compte uniquement neuf membres, tous employés de la marque aux taureaux. La raison est simple. Le coût de la carte de membre s’élève à 800€ l’année plus 100€ pour la première inscription. En comparaison, la carte de membre du Bayern Munich qui compte plus de 220’000 membres coûte 60€ l’année. Les motivations de Dietrich Materschitz sont évidentes : limiter le nombre de membres pour garder la main sur les décisions à prendre. Mais la DFL ne compte pas se laisser faire. Elle a annoncé qu’elle accorderait la licence au RB Leipzig à condition qu’ils remplissent les trois obligations suivantes :
– Modification du logo qui ne peut être identique au logo de la firme autrichienne
– La composition du comité directeur du club, dont les employés de Red Bull détiennent la majorité, doit être modifiée car elle est en totale contradiction avec la règle du 50+1, « qui protège les décisions sportives d’un club de l’influence d’un tiers ».
– Le coût de la carte de membre, 800€ actuellement, devra être réduit afin d’augmenter le nombre de membres pouvant prendre part aux décisions du club comme le stipule la règle du 50+1.
Le RB Leipzig a désormais jusqu’au 28 mai pour se mettre en conformité avec lesdites conditions. La DFL devra se montrer ferme. Car au-delà de l’enjeu de voir le club de Saxe en 2e division la saison prochaine, une accession aux conditions actuelles pourrait remettre en cause tout le modèle de fonctionnement du football professionnel allemand, et par la même occasion, voir l’arrivée de capitaux qataris, russes et d’ailleurs.
